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19 janvier 2008

La nature, combien ça coûte ?

oiseau_mazoute
192 millions d'euros
, c’est ce que sont condamnés à verser le groupe pétrolier Total, le propriétaire de l'Erika, le gestionnaire du navire et la société de classification Rina aux victimes de la marée noire, provoquée par le naufrage de l'Erika en 1999.
20 000 tonnes de fioul lourd s'étaient déversées sur 400 kilom
ètres de côtes françaises, provoquant notamment la mort de plus de 150 000 oiseaux. Les victimes avaient réclamé un total d'un milliard de dommages et intérêts.

Total n'étant que le propriétaire de la cargaison, le groupe se défendait de ne pas être responsable de l'affretage. Mais, il a quand même été jugé pour avoir commis une "faute d'imprudence" qui a "provoqué l'accident" du pétrolier.
Petit B mol, 192 millions d'euros ne représentent qu'environ 1,5% du profit annuel 2006 de Total, mais ce jugement a au moins le mérite d’être le premier grand procès en France d'une catastrophe écologique qui reconnaît l'existence d'un préjudice écologique "résultant de l'atteinte portée à l'environnement".

erika 

Mais comment évaluer l’indemnisation d’une marée noire ? Car tout le problème réside dans la sous-évaluation des biens environnementaux et des services qu’ils nous rendent (alimentation, molécules pour soigner, tourisme, fibres pour les vêtements, etc.). Les biens environnementaux et les coûts de pollution n’étant pas régulés par les marchés, ils sont négligés et sont insuffisamment pris en compte dans les calculs de rentabilité économique. Ainsi, bien souvent la nature est considérée comme un bien public à la disposition de tous et gratuitement exploitable et polluable…

Par exemple, la plupart des exploitants forestiers des pays du Sud ne prennent pas en compte le coût de gestion de la forêt pour les générations futures, c’est-à-dire une gestion durable de la forêt (couper moins, couper mieux) avec une replantation réfléchie pour s’assurer que la forêt ne soit pas surexploitée plus rapidement qu’elle n’est capable de se régénérer. Défricher les yeux fermés, certes pour s’enrichir à court terme, mais en surexploitant les ressources forestières, elles finiront par s’épuiser totalement au détriment non seulement de la population locale qui ne pourra plus en vivre, mais surtout des générations futures qui ne pourront plus bénéficier des services rendus par la forêt (stocker du carbone, contribuer à améliorer le climat, consommation de loisir, lieu de promenade, etc.).
Les pays riches, avec le recul, l’ont intégré et protègent leur patrimoine forestier (en distribuant des droits de propriété) mais en contrepartie ils n’hésitent pas à aller acheter leurs bois à bas prix dans les pays du Sud en connaissance de cause…

De même pour la mer, un pêcheur a plutôt intérêt à maximiser ses prises pour son propre intérêt personnel. Or la mer étant un bien commun, personne ne régule l’ensemble des prises. Résultat : les stocks de poissons s’épuisent et au final, ce sont les pêcheurs eux-mêmes qui en pâtissent avec l'instauration de quotas ou de moratoires sur la pêche de certaines espèces en danger.
C'est ce qu'on appelle la tragédie des biens communs. La surpêche entraîne aussi des dérèglements de la chaine alimentaire (voir l'article L'invasion des méduses).

Comment en arrive-t-on là ? Et comment peut-on faire pour empêcher les dégradations environnementales ? Pollueur-payeur est un premier pas en avant. Mais l'idéal bien-entendu reste de traiter le problème à la racine, à savoir faire mieux comprendre l’économie de l'environnement, car c'est bien là qu'échouent les marchés et les Etats. Par exemple, c'est ce qu'a tenté de démontrer l'économiste Nicholas Stern dans son Rapport_Stern en concluant que la lutte contre le changement climatique coûterait 1% du PIB mondial alors que l'absence d'action causerait une perte de 20% du PIB sur le long terme.

Pour en revenir au procès de l'Erika, les compagnies pétrolières pouvant désormais être tenues responsables de l'état des bateaux, elles y regarderont à deux fois avant de faire affréter leur cargaison pour ne pas prendre le risque de noircir leur image ni risquer de plus gros dommages et intérêts.

erika_aneant

erika_ment


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