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Poca's Blog
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6 juillet 2007

Les biocarburants, un remède durable?

Aujourd’hui le Brésil est le premier producteur et exportateur mondial d'éthanol.
L'éthanol, principalement issu de la production de canne à sucre au Brésil, est utilisé dans les biocarburants (ou agrocarburants); le plus répandu étant le superéthanol E85, un mélange de 85% de bioéthanol et de 15% d'essence classique.
Le
bioéthanol peut également être produit à partir de palmiers à huile, en Indonésie, de betteraves, céréales, etc.

En 2006, 75% des voitures vendues au Brésil étaient "flex-fuel", acceptant indifféremment l'essence, l'éthanol ou un mélange des deux.
Avec Renault et PSA, les premières voitures françaises "flex-fuel" ne seront disponibles qu'à partir de cet été. La filière n'est pas encore bien développée en France. Il n'existe que 50 pompes de bioéthanol pour l'instant en France !
La part des biocarburants dans la consommation totale de carburants
en France était de 3% en 2006 et devrait être de 6% en 2007.

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Lors de la conférence internationale sur les biocarburants, à Bruxelles, jeudi 5 juillet, le président brésilien Luiz Inacio "Lula" da Silva a vanté le succès de la production d'éthanol dans son pays, qui offre, selon lui, une occasion de "combattre la misère" dans le monde. Il a donc invité les autres pays à lui emboiter le pas.

Mais, même si ces carburants sont moins nocifs que les produits pétroliers (contribution moindre à l'effet de serre), leur utilisation ne fait que repousser le problème environnemental d'un secteur à un autre et leur caractère durable peut être soumis à controverse...

  • leur production favorise la monoculture, donc l'érosion des sols,
  • nécessite une forte consommation en eau,
  • pollue les nappes phréatiques à cause des engrais et des pesticides répandus en grandes quantités,
  • monopolise des millions d'hectares cultivables. Le Brésil produit 6.000 litres d'éthanol avec un hectare. L'objectif du gouvernement et du pétrolier Petrobras est de porter les exportations d'éthanol brésilien à 200 milliards de litres d'ici à 20 ans. Le Brésil en produit 17 milliards actuellement, dont quelque 3 milliards sont exportés. Il faudra donc sacrifier des surfaces agricoles disponibles par habitant et la forêt amazonienne !
  • la destruction massive de la forêt amazonienne, le "poumon de la Terre", entraînerait un désastre écologique qui affecterait l'ensemble de l'humanité (réduction du taux d'absorption naturelle de CO2, impact sur la biodiversité, etc).
  • une étude nord-américaine conduite par le Pr. Mark Z. Jacobson (Université de Stanford) a démontré que le nombre de cancers liés à l’E85 serait du même ordre de grandeur que celui qu'on estime induit par l’essence (émission de substances cancérogènes dans l'air, benzène, butadiène, formaldéhyde et l’acétaldéhyde).
  • l'utilisation de denrées comestibles (sucre, maïs, colza, etc) à des fins énergétiques fait envoler le cours mondial des denrées alimentaires, ce qui menace la sécurité alimentaire des plus démunis. Si bien qu'un peu partout dans le monde, certains gouvernements commencent déjà à essayer de freiner l'essor des biocarburants (Chine, Inde). A titre de comparaison: " Pour faire le plein d'un gros 4x4, il faut 200 kg de maïs, soit assez de calories pour nourrir une personne une année durant...".
  • les conditions de travail de nombreux producteurs agricoles des pays du Sud se dégradent.
  • 200,000 travailleurs pauvres migrants "participent au succès" du secteur brésilien de l’éthanol... Les résultats d'une enquête sont parus à ce sujet, dans le Courrier International du 29 mars 2007; intégrale accessible sur le site de Sucre-Ethique:
    " Ces hommes, des réfugiés économiques ayant fui le Nord-Est pauvre et aride, ne gagnent pas plus d'environ 150 euros par mois.[...] S’ils viennent ici, c’est parce que le chômage les contraint à partir de chez eux. De fait, ils travaillent 12 heures par jour dans une chaleur écrasante pour à peine plus de 0,75 euro la tonne de canne coupée ; ils retournent ensuite dans des “pensions” crasseuses et bondées que des propriétaires peu scrupuleux leur louent à des prix exorbitants. [...] C’est de l’exploitation pure et simple."


Finalement l'
éthanol n'est pas très écolo...
Le biocarburant n'est donc pas une solution miracle mais devrait plutôt être considéré comme un remède à moyen terme, parmi d'autres, pour réduire la consommation de pétrole. Des mesures doivent être prises pour utiliser conjointement des énergies renouvelables, le nucléaire, les véhicules hybrides, la capture du CO2, l'amélioration du rendement des réseaux électriques, etc. afin de diminuer les émissions de gaz à effet de serre.

Pour un développement durable, il faut que les politiques et industriels concentrent davantage leurs efforts sur la recherche et le développement des "technologies propres", des sources d'énergie non polluantes et renouvelables, tout en encourageant les économies d'énergie en parallèle.

Toutefois, des solutions alternatives de biocarburants existent : en fabriquer à partir de plantes non comestibles, comme le jatropha (voir article du 12 février 2007), ou à partir de déchets agricoles (éthanol cellulosique). Pour le moment, leur faible rendement et leurs coûts de fabrication plus élevés ne permettent pas encore de les exploiter à grande échelle. 

Pour terminer, je vous propose de visionner cette vidéo de 1 min 19 sur france24.com : Lula vante les mérites de l'éthanol aux Européens

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