Une Chine durable?

La Chine affiche des taux de croissance avoisinant les 10% depuis 20 ans. C’est la 4e économie mondiale et elle pourrait bien ravir à l'Allemagne le titre de 3e en 2008, derrière le Japon et les Etats-Unis.

Elle fait figure de 1e puissance économique du XXIe siècle, mais la face cachée de la Chine est inquiétante...

Derrière les tours flambantes neuves de Shanghai, plusieurs témoignages et reportages laissent transparaître une autre facette de son développement économique : un pays corrompu, des catastrophes écologiques et humaines, des inégalités sociales criantes, la censure, tentative de camouflage de la vérité, etc. Dans la course effrénée au développement, on découvre des dégâts conséquents de la plus grande jungle économique mondiale :

• bilan désastreux des catastrophes minières (des milliers de morts par an),
• des centaines de millions de « Mingong », ouvriers-paysans, venus de la campagne et employés en masse sur les grands chantiers de construction, qui travaillent à bas prix, 7 jours sur 7, 10h par jour, dans des conditions extrêmement pénibles (selon l'ONU 20 % de Chinois les plus riches accaparent 55 % des revenus du pays, quand 20 % des plus pauvres se partagent 4,7 % de la richesse nationale),
• En 2005 à Harbin : fuite de benzène du complexe pétrochimique de Jilin dans le fleuve Songhua. Il a fallu 10 jours pour que les responsables admettent que du benzène s’était bien échappé, mettant en péril la vie de millions de personnes en aval,
• Les campagnes sont polluées parce qu'elles accueillent les usines les plus polluantes et les moins scrupuleuses, et les écologistes chinois qui les dénoncent sont harcelés par les autorités, etc.

S’ajoutent à cela les phénomènes attribués au réchauffement climatique :

• désertification de plus en plus grave dans la province du Guizhou (sud-ouest de la Chine) qui menace la survie d'environ 450 000 paysans,
• sécheresses et inondations de plus en plus fréquentes qui menacent les récoltes,
• rétrécissement des glaciers sur le plateau tibétain, qui assèche des cours d'eau chinois et provoque davantage de sécheresses, de tempêtes de sable et aggrave la désertification.

Aujourd'hui la Chine recourt massivement au charbon, qui pourvoit à plus des 2/3 de son électricité ce qui a gravement détérioré la qualité de l’air. La Chine est aujourd’hui le 2e émetteur de gaz à effet de serre de la planète derrière les Etats-Unis, et est en passe de devenir le premier dès 2009 selon l'Agence internationale de l'énergie.

Le dilemme de la Chine est donc de réussir à permettre une croissance économique de l'ordre 8 ou 9% et la création d'emplois, redirigée vers un développement « plus juste » pour assurer sa stabilité, tout en réduisant l'usage de combustibles fossiles et les émissions de gaz à effet de serre.

A l'heure où Chirac lance l'"Appel de Paris",  la Chine dit manquer de moyens financiers et technologiques, pour se convertir aux énergies propres et renouvelables. Et elle n'est pas encore concernée par les restrictions du protocole de Kyoto sur les émissions de CO2 car elle est toujours considérée comme un pays en développement.

Comme le conseille Nicolas Hulot dans son Pacte Ecologique, il est vraiment primordial de « faire du développement durable à l’échelle planétaire l’axe prioritaire de la politique européenne et internationale […]  afin de placer l’environnement à un niveau de préoccupation et de décision au moins égal à celui de l’économie et du commerce. »

Les dernières nouvelles sont que que la Chine prépare un plan de bataille pour lutter contre les atteintes à l'environnement et au climat. Ce plan fixerait des objectifs larges pour les émissions de gaz à effet de serre et pour faire face aux modifications du régime climatique. Reste à savoir quand Pékin le rendra public… affaire à suivre.