Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Poca's Blog
Archives
16 septembre 2007

L'invasion des méduses

427px_20000_squid_Nautilus_viewbay

Jules Verne l'avait prédit dans Vingt mille lieues sous les mers : nos océans vidés de leurs poissons s'encombrent de méduses et de calmars.
« Le lendemain, 12 avril, le Nautilus s'approcha de la côte hollandaise, vers l'embouchure du Maroni. Là, vivaient en famille plusieurs groupes de lamatins. C'étaient des manates qui, comme le dugong ou la stellère, appartiennent à l'ordre des syréniens. Ces beaux animaux, paisibles et inoffensifs, longs de six à sept mètres, devaient peser au moins quatre mille kilogrammes. J'appris à Ned Land et à Conseil que la prévoyante nature avait assigné à ces animaux un rôle important. Ce sont eux en effet qui, comme les phoques, doivent paître les prairies sous marines et détruire ainsi les agglomérations d'herbes qui obstruent l'embouchure des fleuves tropicaux.
Et savez-vous, ajoutais-je, ce qui s'est produit depuis que les hommes ont presque entièrement anéanti ces races utiles ? C'est que les herbes putréfiées ont empoisonné l'air, et l'air empoisonné, c'est la fièvre jaune qui désole ces admirables contrées. Les végétations vénéneuses se sont multipliées sous ses mers torrides, et le mal s'est irrésistiblement développé depuis l'embouchure du Rio de la Plata jusqu'aux Florides ! Et s'il faut en croire Toussenel, ce fléau n'est rien encore à coté de celui qui frappera nos descendants, lorsque les mers seront dépeuplées de baleines et de phoques. Alors, encombrées de poulpes, de méduses, de calmars, elles deviendront de vastes foyers d'infection, puisque leurs flots ne possèderont plus ces vastes estomacs, que Dieu avait chargé d'écumer la surface des mers.
»

Cette vision futuriste se révèle vraie un siècle et demi plus tard... Les méduses deviennent un véritable fléau !
Les méduses pélagiques mauves (Pelagia noctiluca), aux piqûres très urticantes, pullulent en Méditerranée. Cannes puis Monaco ont même installé cette année des filets anti-méduses sur quelques plages. Mais le prix de ces installations étant très élevé, seuls les hôtels et stations balnéaires les plus fortunés pourront offrir ce luxe à leurs clients.

meduse_pelagique

Au pays du soleil levant, ce sont des méduses géantes qui envahissent la mer du Japon. Les plus énormes ont des tentacules pouvant se dilater pour atteindre 40 mètres et un corps (l’ombrelle) pouvant atteindre 2 mètres de diamètre...

jelly_103167g

En 2006, des chercheurs ont montré que, le long des côtes namibiennes, dans l'Atlantique sud, les méduses pesaient plus lourd dans la biomasse locale que tous les poissons !
En Californie, ce sont des calmars g
éants de 2 mètres qui semblent commencer à élire domicile bien plus près des côtes.

Les raisons invoquées pour expliquer cette invasion des invertébrés sont multiples : le changement climatique qui élève la température de l'eau (par exemple, en Méditerranée, elle devrait passer sous les 14°C en hiver, température minimale nécessaire afin de favoriser la diminution du nombre de Pelagia noctiluca, or durant ces derniers hivers anormalement doux, ça n'a pas été le cas).
La
surpêche excessive perturbe l'équilibre biologique de la chaîne alimentaire. Les méduses, sans leurs prédateurs (thons, tortues, etc.), se retrouvent en surnombre. Elles sont très voraces et mangent sans fin. Et plus elles seront nombreuses, plus elles écimeront les œufs et larves de leurs prédateurs et concurrents dont elles se nourrissent, ce qui ne fera qu'aggraver leur prolifération.
Le ruissellement des eaux transporte jusqu'à la mer les engrais ce qui accroît
également la quantité de nourriture disponible pour les méduses.

C'est donc une combinaison de facteurs liés à l'activité humaine et au changement climatique qui font que si nous ne prenons pas conscience rapidement de ce dérèglement, la soupe de méduses pourrait très vite se révéler indigeste pour l'espèce humaine... Et les méduses dévorant d'énormes quantités d'algues microscopiques, leur prolifération induit également une baisse de la quantité de ce phytoplancton ce qui a pour effet de diminuer la capacité d'absorption du CO2 par la photosynthèse !

Publicité
Commentaires
Publicité
Publicité